Se battre contre soi
Nous sommes nombreux à arriver sur un chemin de développement personnel grâce à une constatation que quelque chose ne nous satisfait pas chez nous. Que quelque chose n’est pas aligné. Que nous ne sommes pas dans quelque chose de confortable. Que l’extérieur ne nous renvoi pas du tout ce que l’on ressent à l’intérieur ou ce que l’on pense. Le sentiment parfois de ne pas être là où on souhaiterait être. On se sent perdu, démuni. On ne se sent pas heureux sans trop savoir quoi faire pour l’être.
S’en suit souvent une réflexion, une analyse, une observation seul ou accompagné qui va nous permettre d’essayer de mettre le doigt sur le problème. Le problème, la chose à résoudre, la chose à transformer en nous, la chose de laquelle il faut s’éloigner, …
C’est à ce niveau qu’on peut malgré soi partir en croisade contre soi sans s’en rendre comptes.
Imaginons que vous mettiez le doigt sur un fonctionnement d’intolérance qui vous complique fortement la vie. Dans la plupart des cas, et peu importe l’approche que vous utiliserez, vous allez essayer de ne plus être intolérant. Par conséquent, vous allez essayer de devenir plus tolérant.
Il faut alors comprendre que le développement personnel, vous emmène sur un chemin. Un chemin qui part de ce fonctionnement intolérant et qui finit à ce fonctionnement tolérant.
Quand je dis que l’on part en « croisade contre soi », j’entends par là qu’on se bat contre soi. Dans cet exemple, on va « se battre » contre de fonctionnement d’intolérance.
De manière douce on va essayer de le faire disparaitre, avec des pensées positives, avec de la lumière, ou de le remplacer par autre chose.
De manière brutale on va essayer de le détruire, de l’empêcher d’exister en le traquant et en le surveillant sans cesse. En lui laissant le moins d’espace possible. A chaque fois qu’il voudra s’exprimer, nous serons là, attentif, prêt à lui dire « pas maintenant » « plus jamais » « tu n’as plus rien à faire ici ».
Dans les deux cas, nous avons notre attention portée sur ce fonctionnement d’intolérance. Sur le début du chemin en fait. Plutôt que de la porter sur un fonctionnement de tolérance qui serait la fin du chemin.
Nous allons alors commencer malgré nous quelque chose de contre-instinctif ; nous allons marcher à reculons. Non pas en regardant la destination (la tolérance) mais en fixant le début du chemin (l’intolérance).
Les plus doués d’entre avanceront malgré tout à reculons. Mais il faut admettre que l’on a instinctivement plus de facilités à marcher dans la direction ou l’on porte son attention. En marchant à reculons on est confronté à beaucoup plus de peurs, de chutes, d’incertitudes, … et surtout on ne connait pas la fin du chemin.
Il est très difficile d’apprécier le voyage et d’y mettre un rythme confortable pour gérer notre effort si on ne connait pas la destination, la durée, le chemin à emprunter. Il est aussi beaucoup plus difficile d’apprécier le chemin parcouru. Car pour les plus doués d’entres nous en marche arrière qui avanceront assez vite, peu importe le chemin parcouru et la distance que l’on aura mis avec ce fonctionnement, on ne saura toujours pas où on en est.
Dès lors pourquoi démarrons-nous ce chemin en marche arrière ?
Pour certains car ils n’ont pas l’impression d’être sur un chemin. Ils ont conscientisé un problème qu’ils doivent éliminer. Ils sont alors plutôt dans une arène où ils engagent contre eux-mêmes une bataille sans fin ni gagnant.
Pour d’autres, car ils ne savent pas par quoi ils pourraient remplacer ce fonctionnement. Ils ne savent pas vers quoi ils pourraient avoir envie de tendre. Ils ne savent pas vers où ils voudraient aller.
- parce qu’ils ne pensent pas le mériter
- parce qu’ils sont enfermés dans un personnage dont ils ont peur de s’extraire
- parce que ce sont des valeurs qu’ils ne pensent pas être acceptés par leur entourage
- parce que ce fonctionnement même si il les dérange aujourd’hui leur à permit de se protéger par le passé et est donc potentiellement « utile »
- parce que ça fait tellement longtemps qu’ils vivent de cette manière que cela peut les rassurer car ils le « connaissent »
- parce qu’ils ont peur des changements que cela pourrait occasionner dans leurs relations humaines ou professionnelles
- parce qu’ils ont peur que cela puisse redéfinir ce qu’ils sont aujourd’hui …
Pour certains parce qu’ils voudraient finalement que ce fonctionnement leur rende des comptes
- Pourquoi est-il là ?
- Est-ce ce qu’il m’appartient ?
- Qui est responsable de sa présence ?
- A quoi a-t’ il servi ?
- Pourquoi est-il présent depuis aussi longtemps ?
- Pourquoi est-ce que je continue à l’utiliser alors que j’ai l’impression qu’il me dessert ? …
Si ces questions vous interpellent, ne les niez pas. Essayez d’y répondre ou de trouver quelqu’un pour vous y aider.Ca sera peut-être le début d’un chemin qui vous plaira 🙂
Savoir ce que l’on quitte, choisir vers où on va et regarder dans cette direction sont trois points importants qui vous permettront de ne plus vivre le développement personnel comme une « croisade contre vous ». Vous pourrez alors profiter du chemin que vous êtes en train de faire, et ne plus subir cette marche en arrière pénible vers un lieu inconnu qui peut donner l’impression qu’il n’y a jamais de fin.